Rencontre avec la galeriste Fabienne Levy
Fabienne Levy, photo: Catherine Gailloud
En 2019, Fabienne Lévy ouvre sa galerie dans sa ville natale de Lausanne. En 2023, elle s’agrandit en ouvrant un second espace à Genève. Cette expansion offre une double visibilité à ses artistes, leur permettant d’exposer simultanément dans les deux villes, tout en touchant un public plus large. Fidèle à sa philosophie, la galerie de Fabienne Lévy et sa collection personnelle reflètent un intérêt profond pour le paysage contemporain et pour des artistes engagé.e.s dans l’exploration du monde qui les entoure.
Fabienne Lévy a étudié l’histoire de l’art à la New York University, travaillé chez Christie’s, avant de s’établir comme conseillère en art. Cette trajectoire lui a permis de développer un regard affûté pour repérer et soutenir les talents émergents et créer des dialogues avec des artistes plus affirmé.e.s.
Pourriez-vous définir la ligne de votre galerie?
Notre galerie s’engage à créer un lien profond entre l’art, les individus et leur humanité, en offrant un espace où la réflexion et l’émotion se rencontrent. Nous mettons en lumière des artistes visionnaires dont les œuvres inspirantes interpellent sur des enjeux fondamentaux de notre société, de notre système et de notre époque.
Convaincus que l’art possède le pouvoir unique d’initier des changements, nous croyons qu’il est aujourd’hui plus essentiel que jamais de sensibiliser et d’éveiller les consciences. Les artistes, avec leurs voix singulières et audacieuses, ouvrent des perspectives nouvelles, invitant chacun à voir le monde autrement, à penser différemment et à s’engager dans un dialogue constructif pour façonner un avenir meilleur
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Vous participez également à de nombreuses foires à l’étranger, en quoi cela est-il important?
Cela permet de présenter les œuvres de nos artistes à un public international et d’établir des connexions avec eux. Voir une œuvre en direct crée une expérience unique qu’il est impossible de reproduire à distance. Les foires offrent aussi une visibilité mondiale, particulièrement pour les galeries situées loin des grandes capitales, et sont des lieux importants de rencontres et d’échanges, où nous pouvons dialoguer avec d’autres acteurs et actrices du monde de l’art et découvrir de nouvelles perspectives.
Une exposition qui vous a récemment marquée?
L’exposition sur le centenaire du surréalisme au Centre Pompidou. J’y ai découvert Varo Remedios, une peintre surréaliste espagnole/mexicaine. Sa manière unique de mêler mysticisme, science et imagination dans des compositions fascinantes m’a impressionnée. Ce qui m’a également frappée, c’est la manière dont Varo explore l’autonomie féminine, un thème d’une grande résonance aujourd’hui.
À une époque où les questions d’égalité et de pouvoir des femmes sont plus que jamais d’actualité, ses œuvres, qui célèbrent la force intérieure et l’indépendance, prennent une nouvelle dimension. Son importance dans le mouvement surréaliste et dans l’art contemporain mérite d’être davantage reconnue.
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Rencontre avec Séverine Fromaigeat, directrice du Musée Barbier-Mueller
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LInstallé au cœur de la Vieille-Ville de Genève, le Musée Barbier-Mueller conserve, expose et étudie une collection d’objets d’art d’une immense variété. Elle compte aujourd’hui plusieurs milliers d’œuvres allant de l’Antiquité à aujourd’hui et comprend des objets en provenance de tous les continents. Sur un rythme bisannuel, le Musée Barbier-Mueller propose des présentations renouvelées de sa collection et des expositions temporaires. Conférences, rencontres, lectures et performances accompagnent son programme curatorial.
Séverine Fromaigeat, Directrice
Historienne de l’art, Séverine Fromaigeat a une formation en philosophie et en muséographie. Son goût pour l’art contemporain et les projets interdisciplinaires l’ont amené à collaborer avec de nombreuses institutions, du MAMCO à Genève à la Kunsthalle de Bâle, du Musée Pushkin à Moscou à la Klöntal Triennale à Glaris.
Conservatrice au Musée Tinguely de 2017 à 2023, elle y a réalisé de nombreuses expositions autour de la performance. Co-fondatrice de l’espace d’art Zabriskie Point, elle dirige le Musée Barbier-Mueller depuis novembre 2024.
Vous venez de prendre la direction du musée Barbier-Mueller, pouvez-vous nous parler des nouvelles perspectives que vous avez pour cette institution?
Il s’agit tout d’abord de préserver et de rendre accessible l’extraordinaire collection d’art – tant dans son ampleur que par sa diversité – du Musée Barbier-Mueller. Grâce à la collaboration avec des artistes contemporain·e·s, je souhaite proposer une expérience muséale renouvelée, aussi bien sensible, intellectuelle, physique qu’esthétique.
Et, par le biais des expositions, raconter dans l’espace des histoires, des objets, enchâsser les époques et croiser les territoires. Les projets porteront à la mise en valeur de la puissance symbolique et visuelle des arts autochtones, tout en inscrivant la collection dans le présent, en tissant un dialogue continu avec les questions d’aujourd’hui.
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Quels sont vos liens à Genève?
Multiples, joyeux, intimes et culturels.
Comment aimeriez-vous voir évoluer la scène culturelle à Genève?
Qu’elle continue ainsi, dans un renouvellement permanent, avec une belle profusion de surprises et de projets ambitieux, en gardant ce mélange d’échelles et de styles qui fait sa force.
Qu’est-ce qui vous surprendra toujours à Genève?
La curiosité culturelle insatiable de sa population, les beautés inégalables de sa nature environnante, les charmes de la Vieille-Ville, et ce joyeux cosmopolitisme qui la rend si chaleureuse et ouverte sur le monde.
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Rencontre avec Pierre-Henri Jaccaud, fondateur de la galerie Skopia.
Rencontre avec Pierre-Henri Jaccaud, fondateur de la galerie Skopia.
© Photo: Guillaume Megevand
La galerie Skopia, fondée en 1989, est une galerie d’art contemporain rassemblant des artistes de tous médias. Dès 1993, la galerie expose à la foire de Bâle sans interruption. En 1994, la galerie déménage à Genève dans le quartier de la SIP, ancienne friche industrielle dont une partie des bâtiments est occupée par le Centre d’art contemporain et le MAMCO.
Elle se signale par un choix rigoureux et par un grand nombre de«premières». À travers sa programmation, la galerie cherche constamment à montrer ou exprimer de nouvelles stratégies artistiques. Ancré dans l’art contemporain suisse et fidèle à ses choix historiques, le programme se développe aujourd’hui sur un plan international.
Pierre-Henri Jaccaud est le directeur et fondateur de la galerie Skopia.
Quels sont les défis d’un galeriste après 35 ans d’existence?
Maintenir la qualité et l’exigence du regard, de la réflexion, du choix. Chercher, douter, chercher encore. Et idéalement trouver!
Quel regard portez-vous sur l’évolution du quartier des Bains?
Avec plus de 20 ans d’existence, on peut dire que Quartier des Bains a eu plusieurs vies! L’idée est née au printemps 2001 d’Edward Mitterrand, de Pierre Huber et de moi-même autour d’un café! Passée la surprise totale du succès du premier vernissage commun, il y a eu, d’abord, une gestion amateure.
En 2004, l’arrivée et la proposition de Marc Blondeau de créer une association a permis de nous structurer. C’était une période d’intense développement: arrivées en nombre de nouvelles galeries, création et gestion du prix de Quartier des Bains, augmentation massive du public aux vernissages, relations suivies avec les autorités politiques, les institutions et les médias, cette période va durer jusqu’en 2010-2012.
Rétrospectivement, cela a été une sorte d’âge d’or, la nouveauté avait généré une énergie fantastique et inattendue, il y avait des problèmes de gestion, mais aussi une dynamique, une envie, dans le public. Puis les choses se sont logiquement un peu calmées. L’euphorie est retombée, certaines galeries sont parties ou ont fermé, notre nombre a diminué. Le Covid est aussi passé par là.
Ces dernières années, le marché s’est plus structuré, plus professionnalisé, avec l’arrivée de nouveaux galeristes qui étaient paradoxalement déjà expérimentés.
Aujourd’hui, il y a trois défis majeurs auxquels nous allons être confrontés dans un avenir proche. D’une part, une période d’incertitude économique, avec un cycle de ralentissement général annoncé. Un autre défi est la fermeture des institutions du BAC, ceci pour une durée annoncée de quatre ans (minimum).
Dernier point, crucial et qui est en relation avec les deux autres: quelle sera l’attitude commune des membres de l’association face à ces challenges? Si, par définition, chaque galeriste est unique et souverain dans ses choix, l’histoire même de l’association et son succès ont montré la nécessité d’une politique et d’une discipline communes. L’union a fait notre force. Aujourd’hui, à mes yeux, l’existence même de l’association dépend de cette volonté commune et de notre créativité face à cette nouvelle situation.
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Quel est votre plus beau souvenir en tant que galeriste?
C’est juste impossible à dire et à choisir, il y en a eu tellement. Les plus intenses sont presque toujours liés à des visites d’atelier, à des discussions ou des rencontres avec des artistes, des collectionneurs ou d’autres personnes, à des surprises, des découvertes, à la fierté et au plaisir à voir et à montrer certains travaux, certaines expositions.
C’est un ensemble, un tout. Une fois encore, je reprends les mots de Godard: «(…) le plus beau dans le voyage, c’est le voyage!»
Y a-t-il des conseils que vous auriez aimé recevoir à vos débuts?
Je souris, je crois qu’à l’époque, je n’étais pas prêt du tout à recevoir des conseils, si j’en ai reçus, je les ai oubliés en route. J’aime bien le proverbe chinois qui dit: l’expérience est une lanterne qui n’éclaire que le chemin parcouru…
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Rencontre avec Élise Lammer, Directrice de l’espace Halle Nord.
Halle Nord est un centre d’art contemporain situé aux Halles de l’Île, au cœur de Genève. Il constitue une fenêtre ouverte sur la production artistique contemporaine, mettant en avant la singularité des démarches artistiques et en soutenant la diversité des formes de création. Composé d’une grande salle d’exposition et de deux capsules annexes vitrées, Halle Nord favorise la visibilité des œuvres grâce à son architecture transparente, offrant un accès direct aux expositions jour et nuit.
Élise Lammer, Directrice
Directrice de Halle Nord, Elise Lammer est commissaire d’art et chercheuse suisse, spécialisée dans l’exploration du rôle de l’espace (public et domestique) dans la construction de l’identité. Son approche transdisciplinaire et intersectionnelle interroge les récits historiques marginalisés et les réévalue sous un prisme contemporain. Doctorante à l’Institut Art Gender Nature de Bâle et à l’Université Linz, elle mène actuellement un projet de recherche autour du jardin de l’artiste et militant queer britannique Derek Jarman.
À quels changements avez-vous l’impression d’assister dans l’art contemporain?
Plus que d’y assister, c’est bien un changement total de paradigme que j’attends dans le milieu de l’art contemporain, surtout au niveau des lieux financés par la collectivité et leur rapport avec les questions de durabilité.
Avec Halle Nord, qui est un centre d’art principalement dévoué à la production, nous essayons d’augmenter la visibilité des œuvres que nous produisons tout en ralentissant les cycles de production (et souvent de destruction) liés à la conception de nouvelles œuvres. En les mettant en rapport avec un écosystème de centres d’art alliés enEurope, nous permettons aux artistes émergent·e·s·x que nous invitons de montrer leur travail dans d’autres lieux, dans le cadre de co-productions ciblées.
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De quoi l’art contemporain a-t-il le plus besoin?
D’une éthique de travail saine; de la fin des plafonds de verres pour les femmes, les personnes racisées et LGBTQIA+; d’un retour à un formalisme engagé et moins d’ignorance envers l’histoire. Et que nous, les acteur·ice·s·x du monde de l’art, alignions nos actions aux valeurs que nous professons dans les expositions que nous promouvons.
Quelles sont les dernières expositions importantes qui vous ont marquées?
À Genève, j’ai été très impressionnée par l’exposition de Giulia Essyad au Centre d’art Contemporain dans le cadre des Bourses de la Ville de Genève 2024. Dans une installation comprenant une vidéo et des œuvres accrochées, elle continue à explorer les codes de la sensualité par le biais de mises en scène qui explosent les normes de beauté, de décence et questionne notre rapport au désir. Je trouve son langage formel très original et son travail me fascine.
J’ai également été marquée par la performance de Julie Béna au Musée d’art et d’histoire dans le cadre du programme de Thomas Conchou, qui est curateur en résidence pour la saison 2024/2025.
Son univers burlesque m’avait toujours intriguée, sans pour autant vraiment me convaincre. C’est lorsque j’ai vu Stories of River, une performance-saga sur l’avortement dans laquelle sa mère et sa fille jouent à ses côtés que j’ai vraiment saisi la teneur politique de son travail, qui fait aussi preuve d’une grande sensibilité et de poésie.
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Rencontre avec Catherine Tabatabay-Schmitt & Eliott Cardet, de la librairie L’Exemplaire.
Ouverte en 1987 à la rue du Perron par Catherine Tabatabay-Schmitt, L’Exemplaire est aujourd’hui installée au 25, Grand Rue.
Spécialisée dans le commerce de livres rares, cette librairie propose aux bibliophiles un choix rigoureux d’éditions originales, dont un bon nombre sur grands papiers, de livres illustrés par les artistes marquant·e·s du 20e siècle et de reliures signées. Suite à l’ouverture de son nouvel espace en 2024, elle est aussi devenue une galerie exposant des œuvres de différents courants artistiques modernes comme le surréalisme et l’abstraction d’après-guerre.
Catherine Tabatabay-Schmitt
Catherine Tabatabay-Schmitt a fondé sa librairie spécialisée dans les livres rares après des études de lettres et un passage à la librairie Slatkine. Son expertise dans la recherche et la préservation des ouvrages rares lui a permis de bâtir une place de choix dans le monde des librairies spécialisées.
Eliott Cardet
Eliott Cardet l’a rejoint il y a une dizaine d’années, après des études d’histoire de l’art et d’expertise à Paris. Leur relation professionnelle repose sur une longue histoire personnelle. Aujourd’hui, ils poursuivent ensemble la mission de préserver et faire découvrir les trésors du 20e siècle, qu’ils soient littéraires, artistiques ou historiques, dans le respect et l’amour des objets qu’ils découvrent, collectionnent et partagent.
Un artiste/écrivain qui vous tient particulièrement à cœur?
Jacques Prévert, un génial touche-à-tout à la fois écrivain, scénariste et artiste. Ayant connu les plus grand.e.s intellectuel.le.s du siècle dernier, il englobe tout ce que nous aimons dans le monde du livre rare, un art total! Nous avons le plaisir de préparer une grande exposition Prévert pour le courant de l’année 2025 où les amateurs pourront retrouver des collages, des dessins originaux et bien entendu des éditions originalesen grands papiers.
Comment devient-on marchand de livres rares?
Beaucoup par passion, un peu par hasard.
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Comment avez-vous vu évoluer la scène dans votre domaine à Genève?
Jusqu’aux années 80, il y avait encore de nombreuses librairies spécialisées à Genève qui ont maintenant disparu. Aujourd’hui nous ne sommes plus que deux! Mais nous rencontrons une nouvelle génération, curieuse de cette passion un peu cachée et secrète qu’est la bibliophilie, qu’elle aborde en la mettant en relation avec ses propres références culturelles: tout n’est pas perdu!
Votre exposition pour l’édition d’Art Genève 2025?
Nous présenterons un choix de gravures modernes d’artistes important·e·s, la plupart ayant aussi illustré des livres. On pourra y trouver de rares tirages de gravures de Miró, Max Ernst, ou encore Henri Laurens.
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Rencontre avec Michèle Rossier, directrice de Teo Jakob.
Rencontre avec Michèle Rossier, directrice régional de Téo Jakob.
Le magasin Teo Jakob, situé à Carouge, est un showroom de design d’intérieur proposant une sélection pointue de meubles contemporains, luminaires et objets décoratifs de marques suisses et internationales.
Un lieu incontournable pour les passionné·e·s de design haut de gamme à Genève. Tout au long de l’année, l’espace accueille des événements tels que des expositions, des lancements de collections, des conférences, ainsi que des rencontres avec des créateurs et designers.
Ces événements visent à explorer les frontières entre art, design et architecture, tout en mettant en avant des talents locaux et internationaux.
Michèle Rossier
Michèle Rossier est directrice régionale et membre de la direction générale de Teo Jakob depuis 2009. Passionnée de design, elle a d’abord travaillé à son compte avant de rejoindre Teo Jakob en 2001.
Pour vous, le design c’est…?
Je considère le design comme l’alliance parfaite entre esthétique, fonctionnalité et innovation. Depuis 75 ans, Teo Jakob incarne cette philosophie en proposant des solutions d’aménagement qui reflètent une élégance contemporaine et une qualité irréprochable.
Le design est pour moi aussi bien une passion qu’une mission: créer des environnements qui inspirent, réconfortent et reflètent la personnalité de celles et ceux qui y vivent, tout en respectant la qualité et l’esthétique qui font la renommée de Teo Jakob.
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Quels liens Teo Jakob entretient-il avec l’art?
Depuis sa fondation en 1950, Teo Jakob a toujours considéré que les meubles design, l’architecture d’intérieur et les arts visuels sont indissociables. Cette vision holistique se manifeste par l’intégration constante d’œuvres d’art au sein de ses showrooms, offrant une expérience esthétique complète à ses visiteurs.euses.
La Fondation Collection d’Art Teo Jakob comprend des peintures, des sculptures et des objets d’artistes suisses et internationaux, tels que Le Corbusier, Meret Oppenheim, Franz Gertsch et Jean Tinguely. Les œuvres de cette collection sont présentées dans les showrooms de Teo Jakob à Genève, Berne et Zürich où elles dialoguent harmonieusement avec le mobilier exposé. Cette intégration de l’art et du design crée une atmosphère unique, reflétant notre engagement à promouvoir une esthétique qui dépasse la simple fonctionnalité.
Nous sommes également partenaires d’Art Genève depuis sa création et contribuons grandement à apporter à ce salon annuel un environnement particulièrement chaleureux. Pour nos 75 ans, nous sommes fiers d’y présenter une exposition intitulée Collaborations qui retrace la passion et l’engagement de Teo Jakob pour l’art et le design.
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Rencontre avec Danaé Panchaud, directrice du Centre de la Photographie Genève.
Rencontre avec Danae Panchaud, directrice du Centre de la Photographie Genève.
Danaé Panchaud, Portrait by Anne Morgenstern, 2024
Le Centre de la photographie Genève est l’une des trois institutions du Bâtiment d’art contemporain, aux côtés du MAMCO et du Centre d’Art Contemporain Genève.
Principalement consacré à la création liée à l’image photographique au 21e siècle, il se veut un défricheur en prêtant une attention particulière aux artistes, suisses et internationaux, dont les travaux n’ont pas encore reçu une visibilité institutionnelle importante en Europe.
Danaé Panchaud
Danaé Panchaud est une curatrice, muséologue et enseignante spécialisée dans la photographie contemporaine. Elle dirige le Centre de la photographie Genève depuis 2022, après avoir été en charge, de 2018 à 2021, du Photoforum Pasquart de Bienne, et travaillé dans plusieurs centres d’art et musées romands de 2007 à 2017.
Pour vous l’art c’est…?
Avant tout de multiples manières de mettre des choses — et des gens — en lien, et, parfois, de proposer de nouvelles manières d’être au monde.
Un projet ou une exposition dont vous êtes particulièrement fière?
L’exposition Making Light of Every Thing, présentée au Centre de la photographie Genève au printemps 2024. Commissariée avec mon collègue Claus Gunti, elle explorait les manières dont l’image photographique construite, manipulée, fabriquée ou générée peut exprimer nos rapports intimes au monde, par un travail d’association très libre, intuitif et spéculatif, des travaux de douze artistes contemporains.
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Quels seront les projets du Centre de la photographie Genève durant la période de fermeture du BAC pour travaux?
Dès 2025, le Centre de la photographie Genève investira deux espaces d’exposition distincts, fruits d’étroites collaborations avec des institutions genevoises. Notre programme actuel d’expositions temporaires se poursuivra dès le mois de mai dans un espace dédié de la Bibliothèque de Genève, dans le parc des Bastions, qui nous hébergera jusqu’à la fin des travaux.
En parallèle, la Maison de l’enfance et de l’adolescence des HUG nous a confié la programmation de son espace d’exposition, et nous y présenterons quatre expositions monographiques pensées spécifiquement avec les artistes pour le contexte particulier de l’hôpital.
Nous poursuivrons en parallèle nos activités éditoriales avec la collection Superscripte, notre programme de médiation pour les publics scolaires, et notre programme dédié aux artistes professionnel·les (ateliers, mentorat, etc.).
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Rencontre avec Asma Barchiche & Mina Squalli-Houssaïni, responsables de l’espace Forde depuis 2023.
Rencontre avec Asma Barchiche & Mina Squalli-Houssaïni de l’espace Forde.
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Forde est une anomalie précieuse dans le paysage de l’art contemporain: un espace né de l’urgence et du désir collectif, imaginé en 1994 par Fabrice Gygi, Alexandre Bianchini et Nicolas Rieben dans l’enceinte de l’Usine.
Depuis sa création, il demeure un lieu autonome, affranchi des pressions institutionnelles et commerciales, où l’art peut se risquer à des formes inattendues. Chaque équipe qui en prend la direction, tous les deux ans, hérite de ce projet à la fois exigeant et généreux, l’enrichissant de ses obsessions et de ses envies.
Asma Barchiche & Mina Squalli-Houssaïni
Asma Barchiche est une curatrice et chercheuse basée à Genève et responsable des programmes éducatifs au Centre d’Art Contemporain de Genève. Elle est co-fondatrice des chichas de la pensée, un programme culturel itinérant accueilli par des institutions telles que le Centre Georges Pompidou, le MUCEM Marseille ou Lafayette Anticipations. Sa pratique met l’accent sur l’éducation, les stratégies d’apprentissage et les dialogues avec les artistes, favorisant l’innovation dans l’art contemporain.
Mina Squalli-Houssaïni est une artiste pluridisciplinaire basée à Genève. Diplômée du Work.Master à la HEAD – Genève en 2023, elle a exposé dans divers espaces, notamment au Centre d’Art de Neuchâtel, Karma International à Zürich, Lodos à Mexico City, et Liste Art Fair à Bâle. Elle est également programmatrice au festival Les Urbaines.
Pourriez-vous nous présenter le programme de curation pour lequel vous avez été choisies?
Entre 2023 et 2025, nos propositions pour la programmation de Forde s’ancrent dans nos expériences respectives: l’une liée à l’écriture, à la recherche et à la médiation, l’autre à la pratique artistique et à une approche directe de l’art.
Notre objectif est de croiser nos intérêts, nos goûts et nos questionnements pour inscrire notre travail dans cet espace tout en affirmant des orientations artistiques, culturelles et politiques marquées.
Nous voyons dans Forde un lieu où nos idées prennent des formes concrètes, des espaces tangibles où se rencontrent œuvres, idées et publics.
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Quelles sont les spécificités de l’espace Forde?
Forde n’est pas seulement un lieu de production artistique. Depuis trente ans, il a été façonné par quinze équipes de programmation successives, chacune apportant son regard et ses méthodes.
Tous les deux ans, une nouvelle équipe prend la direction de Forde, réinventant ses contours selon des priorités et des intuitions propres. Ce modèle de gestion garantit que chaque génération imprime sa marque, en explorant librement les multiples possibilités qu’offre cet espace. Forde se distingue par cette capacité à accueillir des projets qui interrogent, transforment et prolongent les pratiques artistiques.
L’Usine, ce bâtiment emblématique de Genève, est un acteur clé dans la définition de Forde. Plus qu’un simple cadre, l’Usine est un écosystème où se croisent musiques, arts visuels, performances et militantisme. Cette proximité nous pousse à imaginer des projets où les disciplines se rencontrent, créant des expériences collectives enracinées dans leur contexte social et culturel.
Faire Forde ensemble, c’est transformer nos conversations en espaces tangibles, en expositions, en performances ou en livres. C’est l’un des luxes que nous nous offrons: montrer ce que nous avons envie de voir, sans compromis. À travers des formats variés — expositions, performances, projections, éditions, soirées —, nous cherchons à multiplier les points d’entrée.
Ce programme est une invitation à penser l’art comme un espace d’échange, où les positions se confrontent et se transforment. À l’aune de ses trente ans, Forde maintient cette approche expérimentale qui privilégie le risque à la conformité. Forde reste un terrain d’essai, un espace où l’on peut penser autrement les conditions de production et de réception de l’art aujourd’hui.
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Lampe à lave Astro — Denis Savary
Un.e artiste nous parle d’un objet qui lui est cher, l’accompagne au quotidien, et a bien souvent un lien avec son processus créatif.
Un·e artiste nous parle d’un objet qui lui est cher, l’accompagne au quotidien, et a bien souvent un lien avec son processus créatif.
« Il s’agit d’une lampe à lave Astro des années 90, de la marque anglaise Mathmos. J’ai trouvé cet objet à Londres, lorsque j’y vivais et il est revenu avec moi dans mes valises. Depuis, j’aime l’allumer le soir chez moi. La cire prend du temps à fondre à la chaleur de l’ampoule halogène dans sa base. Au début elle produit des sortes de cristaux, jusqu’à se mettre enfin à danser. Sa lueur verte m’accompagne durant durant la nuit. »
Inclassable et protéiforme, le travail de Denis Savary (né en 1981 à Granges Marnand, Suisse, vit et travaille à Genève et Londres) prend tour à tour la forme de sculptures, de dessins, d’installations, de vidéos ou de pièces sonores. Privilégiant des procédés d’appropriation, de citation ou de collaboration, l’artiste navigue librement entre ces différents médiums et les associe pour mieux explorer le décloisonnement des genres et des époques. Il est représenté par la galerie Maria Bernheim.
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Yann Abrecht
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Denis Savary
L’Œuvre de Lionel Latham
Une oeuvre ou un artiste qui a marqué la carrière d’un marchand. Lionel Latham évoque sa rencontre décisive avec Edouard Chapallaz (1921-2016), l’une des personnalités majeures de la céramique suisse de la seconde moitié du 20e siècle.
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Une œuvre ou un·e artiste qui a marqué·e la carrière d’un marchand.
Lionel Latham évoque sa rencontre décisive avec Edouard Chapallaz (1921-2016), l’une des personnalités majeures de la céramique suisse de la seconde moitié du 20e siècle. Dès la fin des années 50, il développe un travail personnel de recherche sur le grés et les émaux, qui se distingue par des formes archétypiques aux qualités formelles et spirituelles saisissantes
«Édouard Chapallaz est un céramiste suisse avec qui j’ai eu la chance de collaborer et qui a grandement contribué à faire reconnaître ma galerie. Notre première rencontre remonte à 1982.
À l’époque, ma galerie était située aux Pâquis et j’acquérais alors une céramique portant deux marques: Chapallaz et Menelika. C’était une belle pièce, parfaitement tournée, mais son style, monochrome et dans l’esprit scandinave des années cinquante, ne ressemblait pas à ce que produisait Menelika. Intrigué, j’ai décidé d’écrire à Chapallaz pour lui demander des explications. Il m’a répondu avec cordialité m’expliquant qu’il avait travaillé un an chez Menelika en tant que tourneur. En contrepartie, il pouvait utiliser leur atelier pour créer ses propres pièces, ce qui expliquait la double signature.
Au fil des années, nous avons gardé contact. J’ai continué à acheter des pièces des années cinquante issues de Menelika, tandis qu’Édouard poursuivait une carrière plus que respectable: expositions muséales, reconnaissance internationale, collaborations avec des marchands réputés comme Engelberts ou la galerie L’Entracte à Lausanne.
En 1997, lorsque j’ai déménagé dans ma galerie actuelle, rue de la Corraterie, il m’a spontanément proposé de l’exposer, un geste d’une grande générosité car je n’aurais jamais osé le lui demander.Je garde un souvenir marquant de son premier vernissage.
À l’époque, j’ouvrais toujours mes portes à 17h précises, et ce jour-là, dix collectionneurs·euses attendaient déjà devant la porte. Une autre époque!
L’exposition fut un franc succès: Chappalaz m’avait confié 79 céramiques… et j’en ai vendu 81! Il avait un véritable fan-club, composé de contemporains aujourd’hui disparus. Et il pratiquait une politique de prix étonnamment douce pour des pièces d’une telle qualité muséale, allant de 300 à 3500 CHF.
Par la suite, j’ai organisé quatre autres expositions de son vivant, toutes couronnées de succès. Avec le temps, nous nous sommes rapprochés. Nos échanges étaient riches: il me présentait de nouveaux artistes, m’envoyait des collectionneurs.euses et encore aujourd’hui, je continue de découvrir et d’acheter de nouvelles pièces de lui qui m’étaient inconnues…
Cette rencontre fut extraordinaire. Édouard Chapallaz était un grand céramiste, conscient de son talent mais sans jamais en faire l’étalage. Plus récemment, j’ai fait une autre belle découverte: la céramiste Petra Weiss. Âgée de 77 ans, elle travaille toujours dans son atelier au Tessin, où je suis allé la rencontrer. Ce fut une très belle expérience, et j’ai d’ailleurs présenté ses œuvres lors du dernier parcours céramique.»
— Lionel Latham
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Pol Le Vaillant
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Anne Minazio, fondatrice de la galerie Kissed Then Burned nous présente son rapport au livre et sa bibliothèque.
En 2013, Anne Minazio transforme son ancien atelier en y ouvrant l’espace HIT : l’un des Artist-run spaces les plus stimulants et dynamiques que la ville ait connu ces dernières années. En janvier 2025, le lieu change d’orientation pour devenir une galerie sous le nom de Kissed then Burned
En 2013, Anne Minazio transforme son ancien atelier en y ouvrant l’espace HIT: l’un des Artist-run spaces les plus stimulants et dynamiques que la ville ait connu ces dernières années. En janvier 2025, le lieu change d’orientation pour devenir une galerie sous le nom de Kissed then Burned.
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Anne Minazio construit sa bibliothèque de manière organique autour des domaines qui l’intéressent et qui sont ceux autour desquels elle développa le projet de HIT: l’art contemporain, le design, l’architecture, la mode et la street culture. Chaque été durant 5 ans, elle a proposé dans son espace La Bibliothèque de HIT: un projet qui permettait de faire découvrir une sélection de livres issus de sa bibliothèque mais aussi d’y partager d’autres corpus à travers les nombreux projets collaboratifs qu’elle a mis sur pied.
« Ce qui est beau, c’est que ton rapport à un même livre peut se renouveler tout le temps. En fonction de ce que tu as dans la tête à un moment donné, de ta journée, de ton humeur ou de l’époque. »
Se réinventer, rencontrer de nouvelles personnes, échanger et aller de l’avant avec d’autres projets… Aujourd’hui Anne poursuit dans cette voie avec Kissed then Burned. Elle représente les artistes Clément Grimm, Finn Massie et Eliot Möwes. Elle nous présente ici une sélection de livres d’arts issus de la bibliothèque de son appartement, situé dans le quartier de Plainpalais et qu’elle a transformé en Showroom.
SÉLECTION DE LIVRES
1. MacGuffin, The Life of Things. № 1 The Bed.
ISBN 977–2405820002
2. Richard Prince, American Prayer. Bibliothèque Nationale de France.
ISBN 978–2717724806
3. A Handful of Dust. David Campany Mack Books.
ISBN 978–1910164969
4. BODENREFORM. Ernst & Sohn.
ISBN 978–3433021590
5. Philip-Lorca di Corcia, Hustlers. Steidl Verlag.
ISBN 978–3869306179
6. Ideas from Massimo Osti. Corraini Edizioni.
ISBN 978–8875706296
7. Josef Frank, Against Design. Birkhauser.
ISBN 978–3035624724
8. Guten Tag, Pablo Tomek. Rotolux Press.
ISBN 979–1096398133
9. Palace Product Descriptions – The Selected Archive. Phaidon.
ISBN 978–1838665845
10. The Paintings of Ross Bleckner. Édition Alain Noirhomme.
ISBN 978–2930487014
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Yann Abrecht
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Yann Abrecht
«J’aime le changement», explique Florian Le Bouhec, chef cuisinier incontournable de la place genevoise.
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« J’aime le changement », explique Florian Le Bouhec, chef cuisinier incontournable de la place genevoise qui vient de prendre ses quartiers au Dorian. Arrivé à Genève à l’âge de 20 ans où il retrouve son père, chef lui aussi et avec qui il travailla brièvement, Florian Le Bouhec gagne vite son indépendance. Il ouvre son premier établissement en 2010 : l’Artichaut. Il enchaîne ensuite avec le Café de la Paix en 2014, le Bologne et le Bombar en 2018 et le Bleu Nuit en 2022. À travers ces différents lieux, le chef multiplie les rencontres et développe son réseau. Ce qu’il apprécie le plus ? Créer des ambiances, des lieux propices aux échanges et aux rencontres. Il est aujourd’hui l’une des personnalités genevoises les plus reconnues pour sa cuisine, mais aussi pour ses restaurants dont les atmosphères singulières participent à l’énergie de la ville. Florian le Bouhec nous fait faire le tour de ses bonnes adresses.
DIMANCHE
Rue Micheli-du-Crest 2
1203 Genève
« J’ai rencontré l’architecte d’intérieur Youri Kravtchenko, qui a ouvert le showroom Dimanche, à l’Artichaut. Il venait y dîner avec son frère, qui était aussi mon comptable. J’ai commencé à travailler avec lui pour la décoration du Café de la Paix où il m’a donné quelques conseils. On a poursuivi notre collaboration avec celles du Bologne et du Dorian qu’il a entièrement conçues. Youri travaille pour l’ambiance du lieu et pas seulement pour son esthétique. À force de fréquenter les restaurants, il sait ce qui fonctionne. Ensemble, on arrive à faire de bons compromis et il m’amène sur des chemins de traverse que je n’emprunterais pas forcément, mais qui ont fait la force de mes différents établissements comme avec le carrelage qu’il a utilisé pour le Bologne et qui est devenu la signature du restaurant. J’aime travailler ainsi, autour de rencontres et en synergie avec des gens avec qui je crée des liens. »
LE MARCHÉ
AUX PUCES DE PLAINPALAIS
& CHRISTOPHE BERGER
Avenue Henri-Dunant 16
1205 Genève
« Le marché aux puces, j’y vais plus pour l’atmosphère que pour chiner. J’y ai passé beaucoup de temps pendant les travaux du Dorian. Plainpalais s’est toujours trouvé à proximité de beaucoup de mes restaurants et c’est donc naturellement un lieu de passage important pour moi. Et puis il y a aussi le Skate Park où je vais souvent avec mon fils. Avant d’aller aux puces, j’ai pour habitude de m’arrêter chez Christophe Berger pour son croissant au jambon et ses pâtisseries. J’aime me poser dans le petit café aménagé derrière la boutique ou sur leur terrasse avec vue sur la Plaine. C’est rare de trouver un bon pâtissier suisse. Toutes les pâtisseries que j’achète viennent de chez lui. »
MAMCO
Actuellement en travaux.
Programmation hors-site : www.mamco.ch
« J’y emmène chaque personne qui vient me voir à Genève. Pour moi c’est un incontournable, comme les Bains des Pâquis. J’ai créé des liens avec son directeur, Lionel Bovier, lorsque j’officiais au Café de la Paix. J’apprécie beaucoup l’équipe du MAMCO avec qui j’ai collaboré sur plusieurs évènements. J’aime le bâtiment et son architecture. J’y ai aussi découvert de fantastiques expositions. La dernière qui m’a marquée ? Celle de Mathis Gasser en 2023. J’ai acheté une pièce de l’artiste après son exposition que j’ai installée au Bleu Nuit. Aujourd’hui, le bâtiment ferme pour rénovation. C’est regrettable pour l’énergie du quartier mais c’est une bonne nouvelle pour le développement de l’institution et je me réjouis de suivre les activités hors-site du musée pendant les travaux. »
GALERIE MEZZANIN
Rue des Maraîchers 63
1205 Genève
« J’ai beaucoup travaillé avec Karin Handlbauer, la directrice et propriétaire de la galerie Mezzanin. C’est une amie fidèle. Elle organisait ses dîners de vernissage au Café de la Paix et continue à le faire aujourd’hui au Bleu Nuit ou au Dorian quand je ne viens pas cuisiner directement à la galerie. J’aime sa programmation, que je suis depuis longtemps. Elle m’a permis de découvrir de très belles choses. C’est elle qui m’a prêté les premières œuvres que j’ai exposées dans mes restaurants, notamment une pièce de Peter Kogler au Café de la Paix. Je lui ai plus tard acheté un ensemble de peintures d’Isabella Ducrot pour l’ouverture du Bleu Nuit. »
NINO,
CAVISTE DE QUARTIER
Boulevard de Saint-Georges 65
1205 Genève
« Quand je ne suis pas dans mes restaurants, je me retrouve encore souvent autour de la table, chez moi ou chez des ami.e.s. J’aime recevoir les gens, c’est aussi pour ça que je fais ce métier. Nino, c’est l’endroit parfait pour faire de nouvelles découvertes et trouver la bonne bouteille pour un déjeuner ou un dîner entre ami.e.s. »
Texte et entretien réalisé par YANN ABRECHT
Photos : ALEXIA MAGGIONI
COMING SOON !
PENDANT LA GENEVA ART WEEK
Des parcours personnalisés de celles et ceux qui font Genève
Markus Amm, né à Stuttgart en 1969 est connu pour ses peintures abstraites et ses expérimentations avec la matérialité et la lumière.
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Markus Amm, né à Stuttgart en 1969 est connu pour ses peintures abstraites et ses expérimentations avec la matérialité et la lumière. Son travail explore des processus minutieux et souvent laborieux, notamment l’application de multiples couches de vernis et de pigments, créant des surfaces vibrantes et lumineuses. Ses œuvres, à la fois minimalistes et organiques, interrogent la perception visuelle et le rapport au temps à travers des textures et des jeux de transparence. Son travail est régulièrement exposé dans des galeries et institutions internationales. Son travail a été présenté à la galerie Mezzanin à Genève.
Pouvez-vous nous décrire votre quotidien à l’atelier et la relation que vous entretenez avec cet espace?
Mon atelier se trouve dans la zone industrielle des Acacias. C’est amusant car depuis 25 ans, j’ai pour habitude de traverser des ateliers de mécanique avant d’arriver à mon studio. Il y a une très belle vue sur le Salève à droite et le Jura à gauche et les couchers de soleil y sont parfois incroyables. Je crois en cette pratique quotidienne de l’atelier. Même si je n’ai rien à y faire – ce qui heureusement arrive rarement – je lis, j’écoute de la musique, je regarde par la fenêtre. Le studio est une sorte de machine qui, à un moment donné, fonctionne automatiquement et je fais partie de cet engrenage.
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Vous êtes un artiste allemand basé à Genève mais votre travail est principalement montré à l’international : Londres, New York et dernièrement Séoul. Comment expliquez-vous cela ?
C’est dû au fait que mes galeries me tiennent très occupé ! Une autre explication pourrait être que je suis venu à Genève pour des raisons personnelles avec l’idée de repartir après deux ou trois ans. Mais vous savez comment les choses fonctionnent : chaque année, il y a une nouvelle prolongation ou une nouvelle raison pour laquelle vous ne repartez pas et vous vous rendez compte que vous êtes devenu Genevois. Aujourd’hui, j’accepte le fait que je pourrais mourir ici.
Vous considérez-vous comme un artiste genevois ?
Je me sens Genevois. Je vis ici avec ma famille et j’ai l’intention d’y rester au moins jusqu’à ce que mes enfants soient grands. Par contre, je ne me vois pas comme un artiste genevois. J’ai vécu dans trop d’endroits et de pays différents avant d’arriver à Genève. En fin de compte, je pense être un étrange mélange de différentes régions d’Europe et des États-Unis.
Que pensez-vous de la scène suisse ?
La scène suisse est incroyable ! Je dis ça sans flatterie. Un si petit pays avec autant d’artistes fantastiques. Dans la vie de tous les jours, je suis plutôt pragmatique et matérialiste et les faits sont là : je n’ai jamais vu un pays qui soutient ses artistes aussi bien et c’est clairement payant. Les autres pays devraient s’inspirer de ce que signifie ici le soutien à la culture !
Où trouvez-vous votre inspiration ? Y a-t-il des lieux ou des œuvres dans la région qui vous inspirent ?
Mon œuvre d’art préférée reste le Jet d’eau, surtout par matin de grand vent depuis les Bains des Pâquis. Ma deuxième est à La Jonction. Il suffit de regarder comment les deux cours d’eaux se mélangent et les images que cela crée. Je ne l’ai jamais fait jusqu’à présent mais depuis peu, je regarde les gens sauter directement dans l’eau au point de croisement des deux rivières et éclater de rire en passant tantôt de l’eau boueuse à l’eau turquoise et vice-versa. Il y a là quelque chose de spécial…
Quelles sont les œuvres que vous présentez à la galerie Baton à Séoul ?
J’ai toujours joué avec cette indifférence entre l’abstraction et la figuration et avec la façon dont l’esprit construit des images en fonction de sa vision personnelle. Le titre de mon exposition à Séoul était : Cats, Goats and Monsters – La Jonction. Si vous lisez ma réponse à la question précédente vous comprendrez peut-être.
Travaillez-vous en séries ou chaque œuvre est-elle individuelle ?
Techniquement, je travaille par séries. Il y a toujours environ 30 à 40 peintures sur lesquelles je travaille depuis des années. Plus je travaille longtemps sur ces tableaux, plus ces pièces deviennent des œuvres individuelles. Il arrive qu’une peinture soit terminée au bout d’un mois alors que d’autres restent accrochées pendant des années. Cela signifie que le flux naturel est interrompu à chaque exposition. Il y a toujours des œuvres très récentes qui montrent de nouveaux développements à côté de très anciennes qui viennent d’être terminées. Ces différents décalages dans la chronologie des peintures font finalement de chaque œuvre une pièce individuelle, du moins dans le cadre de l’exposition où elle est présentée. Après, de loin, on peut reconnaître des séries qui traversent les différentes expositions au fil des ans.
Sauriez-vous nous dire comment votre travail va évoluer ces prochaines années ?
J’ai déjà prévenu mes galeries qu’au cours des prochaines décennies, je pourrais bien devenir un peintre figuratif…
Quel sentiment aimeriez-vous que les gens retiennent lorsqu’ils découvrent vos œuvres ?
Pour moi, l’art est presque le seul moyen de vivre des expériences épiphaniques, le seul moyen de comprendre le monde d’une manière non rationnelle, juste par l’instinct et l’intuition. C’est surtout avec la peinture que j’y parviens, mais les œuvres conceptuelles peuvent aussi le faire. Je suis trop complexe pour demander cela aux autres. Mais être capable de partager cette expérience serait mon but.
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Vous avez notamment travaillé à la HEAD. Qu’avez-vous retenu de cette expérience d’enseignement et de transmission ?
On ne peut pas enseigner l’art. Ce que vous pouvez faire est davantage comparable à l’image d’un entraîneur : vous percevez le talent des étudiants et vous essayez de les maintenir sur la bonne voie ou, en fonction de leur développement, de les en écarter. Il faut avoir un très bon sens de la psychologie. Il y a beaucoup à laisser derrière soi. J’en ai fait l’expérience au cours de mes propres études et j’ai vu assez souvent comment des artistes étaient détruits pendant leurs études artistiques. J’ai beaucoup de respect pour les artistes qui se consacrent à l’enseignement. Je l’ai fait en tant que professeur invité, mais faire cela à plein temps pendant des années… respect. J’ai rencontré il y a peu un professeur de la HEAD qui m’a dit qu’il était en fait l’étudiant et que les étudiants étaient ses professeurs. C’est sans doute la bonne attitude à adopter.
Vous disiez qu’après cette exposition à Baton Gallery, vous vouliez faire une pause. Est-il important, dans la vie d’un artiste, de ne pas produire et de rester parfois loin de son atelier ?
Je ne ferai pas d’exposition en 2025, mais je vais continuer à aller à l’atelier pour peindre. Je ne considère pas ma pratique d’atelier ou mes expositions comme du travail. Le travail, ce sont les deadlines. C’est un peu métaphorique, mais je vous laisse méditer là-dessus.
Quel serait le lieu où vous rêveriez d’exposer ?
La Kunsthalle de Bielefeld dessinée par Philip Johnson. En termes d’architecture, c’est l’une de mes institutions préférées.
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Yann Abrecht & Pol Le Vaillant
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Alexia Maggioni
Balthazar Lovay fonde la galerie Lovay Fine Arts à Genève en 2022.
Balthazar Lovay fonde la galerie Lovay Fine Arts à Genève en 2022. Il nous raconte ici son parcours et comment il a vu la scène genevoise et le Quartier des Bains évoluer.
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Balthazar Lovay fonde la galerie Lovay Fine Arts à Genève en 2022. Il nous raconte ici son parcours et comment il a vu la scène genevoise et le Quartier des Bains évoluer.
Vous avez commencé votre carrière comme artiste, avant de devenir curateur et enfin galeriste. Pourquoi être passé de l’institution au marché?
Pour moi, c’est un parcours logique. Lorsque je dirigeais le centre d’art Fri Art à Fribourg, je passais six mois, voire parfois un an, à travailler avec un artiste. Et cette relation magnifique s’arrêtait une fois l’exposition terminée. J’avais envie de prolonger ce rapport en travaillant pour représenter sur le long terme les artistes qui me semblent importants. Et puis à un niveau plus personnel, galeriste me permettait de trouver une forme d’autonomie aussi bien financière que professionnelle.
Mais avec une prise de risque beaucoup plus grande, non?
Certes, mais un risque plus ou moins mesuré, même s’il faut être vraiment casse-cou pour faire ce métier. Lorsqu’on démarre de rien, on prend conscience de chaque franc investi et reçu. Cette position mobilise énormément, entre d’un bout de la chaîne les artistes et de l’autre le public et les collectionneurs. Le travail entrepreneurial, invisible aux yeux des visiteurs, est énorme. C’est à la fois très excitant et très intense.
Ouvrir à Genève a toujours été dans vos plans?
Disons que ma vie se trouve ici et que je connais les gens. C’est une manière de démarrer. Mais rien n’est jamais gravé dans le marbre.
Comment définiriez-vous votre ligne?
Chercher à avoir le plus fort impact possible pour les artistes que je représente et les soutenir dans leur carrière sur le long terme. Et que cet impact se répercute sur mes clients et mes collectionneurs, afin de pouvoir leur dire que les artistes qu’ils achètent chez moi ne se retrouvent pas seulement sur des murs comme objets décoratifs, mais aussi dans des musées et des livres d’art. Je défends des artistes que l’on ne retrouve pas encore dans d’autres galeries et qui sont des exclusivités.
Je pense à Lucia di Luciano, ou Suzanne Santoro (sujet de notre exposition de janvier 2025), à la longue carrière, mais qui sont des découvertes historiques, et dont les travaux n’ont pas eu la visibilité nécessaire à un moment donné. Mais aussi à Pascal Vonlanthen, un artiste qui aurait été classé dans l’Art brut, une catégorisation que je trouve peu fertile, et qui a toute sa voix dans l’art contemporain.
Je me positionne comme la galerie qui représente officiellement ces artistes à l’international, depuis Genève, en dévoilant leurs corpus peu connus. Alors oui, j’ai aussi monté une exposition de John Armleder, mais en présentant des œuvres de jeunesse qui n’avaient pratiquement jamais été montrées.
Représentez-vous également des artistes plus jeunes?
Je présente en effet Marie Gyger une jeune artiste suisse, ainsi que Michèle Graf et Selina Grüter, un duo zurichois qui vit à New York depuis six ans. En général, ce sont des artistes qui cherchent une forme d’innovation par rapport à l’histoire de l’art et qui engagent une réflexion profonde sur l’art et notre temps. J’ai présenté Graf et Grüter à Liste 2024. Elles ont participé à la 15e Baltic Triennale et présentent en ce moment une exposition importante à la Halle für Kunst de Lüneburg en Allemagne.
Vous avez ouvert Lovay Fine Arts dans le Quartier des Bains en septembre 2022. Comment avez-vous vu le quartier se développer?
En fait, je suis arrivé trois fois dans le quartier. La première, c’était en 2001. À l’époque, j’étais l’assistant de Lionel Bovier qui venait de lancer JRP Éditions, d’abord dans un garage des Pâquis et enfin dans une arcade de la rue des Bains. J’y suis ensuite revenu de 2004 à 2012 avec Fabrice Stroun lorsque nous avons créé Hard Hat qui était un éditeur de multiples et une galerie d’exposition pour de jeunes artistes. Et me revoilà, 10 ans plus tard. Alors oui, l’ambiance a beaucoup changé.
En 2005, les vernissages du Quartier des Bains réunissaient environ 2000 personnes. Il y avait beaucoup plus de galeries et la dynamique entre le marché de l’art, les institutions et la scène locale alternative étaient bien plus imbriquées. Surtout, le Quartier des Bains bénéficiait d’un important sponsor qui permettait le fameux prix des drapeaux qui prenaient la forme de bannières d’artistes accrochées dans tout le quartier et jusque sur le pont du Mont-Blanc. Cela créait un fort appel d’air médiatique et populaire!
Vingt ans plus tard, à Genève, il y a beaucoup de très bons restaurants chers et moins de créativité dans le milieu de l’art. À nous d’y remédier!
Comment voyez-vous son évolution ces prochaines années?
Aujourd’hui, les galeries genevoises sont dispersées dans la ville. Je pense qu’il faudra repenser la notion de Quartier des Bains et revoir la dynamique entre tous les quartiers dans lesquels il y a des galeries.
La rénovation du MAMCO, du Centre d’art contemporain et du Centre de la photographie doit être vue comme une opportunité. Ces trois lieux vont migrer de quartiers à d’autres de manière ponctuelle dans le courant des cinq prochaines années. Ce sera l’occasion de relancer une nouvelle dynamique de l’art dans la ville. Mais aussi de repenser la relation entre les galeries et les musées, les galeries et les artistes.
Quant à remettre Genève sur la carte internationale du marché, il nous manque des galeries locomotives pour engager ce mouvement, une ou deux galeries genevoises qui prendraient des envergures internationales.
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Emmanuel Grandjean
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