Rencontre avec Élise Lammer, Directrice de l’espace Halle Nord.

Halle Nord est un centre d’art contemporain situé aux Halles de l’Île, au cœur de Genève. Il constitue une fenêtre ouverte sur la production artistique contemporaine, mettant en avant la singularité des démarches artistiques et en soutenant la diversité des formes de création. Composé d’une grande salle d’exposition et de deux capsules annexes vitrées, Halle Nord favorise la visibilité des œuvres grâce à son architecture transparente, offrant un accès direct aux expositions jour et nuit.

 

Élise Lammer, Directrice

Directrice de Halle Nord, Elise Lammer est commissaire d’art et chercheuse suisse, spécialisée dans l’exploration du rôle de l’espace (public et domestique) dans la construction de l’identité. Son approche transdisciplinaire et intersectionnelle interroge les récits historiques marginalisés et les réévalue sous un prisme contemporain. Doctorante à l’Institut Art Gender Nature de Bâle et à l’Université Linz, elle mène actuellement un projet de recherche autour du jardin de l’artiste et militant queer britannique Derek Jarman.

 

À quels changements avez-vous l’impression d’assister dans l’art contemporain?

Plus que d’y assister, c’est bien un changement total de paradigme que j’attends dans le milieu de l’art contemporain, surtout au niveau des lieux financés par la collectivité et leur rapport avec les questions de durabilité.

Avec Halle Nord, qui est un centre d’art principalement dévoué à la production, nous essayons d’augmenter la visibilité des œuvres que nous produisons tout en ralentissant les cycles de production (et souvent de destruction) liés à la conception de nouvelles œuvres. En les mettant en rapport avec un écosystème de centres d’art alliés enEurope, nous permettons aux artistes émergent·e·s·x que nous invitons de montrer leur travail dans d’autres lieux, dans le cadre de co-productions ciblées.

 

Make it stand out

Whatever it is, the way you tell your story online can make all the difference.

De quoi l’art contemporain a-t-il le plus besoin?

D’une éthique de travail saine; de la fin des plafonds de verres pour les femmes, les personnes racisées et LGBTQIA+; d’un retour à un formalisme engagé et moins d’ignorance envers l’histoire. Et que nous, les acteur·ice·s·x du monde de l’art, alignions nos actions aux valeurs que nous professons dans les expositions que nous promouvons.

Quelles sont les dernières expositions importantes qui vous ont marquées?

À Genève, j’ai été très impressionnée par l’exposition de Giulia Essyad au Centre d’art Contemporain dans le cadre des Bourses de la Ville de Genève 2024. Dans une installation comprenant une vidéo et des œuvres accrochées, elle continue à explorer les codes de la sensualité par le biais de mises en scène qui explosent les normes de beauté, de décence et questionne notre rapport au désir. Je trouve son langage formel très original et son travail me fascine.

J’ai également été marquée par la performance de Julie Béna au Musée d’art et d’histoire dans le cadre du programme de Thomas Conchou, qui est curateur en résidence pour la saison 2024/2025.

Son univers burlesque m’avait toujours intriguée, sans pour autant vraiment me convaincre. C’est lorsque j’ai vu Stories of  River, une performance-saga sur l’avortement dans laquelle sa mère et sa fille jouent à ses côtés que j’ai vraiment saisi la teneur politique de son travail, qui fait aussi preuve d’une grande sensibilité et de poésie.

 

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