Rencontre avec Pierre-Henri Jaccaud, fondateur de la galerie Skopia.
Rencontre avec Pierre-Henri Jaccaud, fondateur de la galerie Skopia.
© Photo: Guillaume Megevand
La galerie Skopia, fondée en 1989, est une galerie d’art contemporain rassemblant des artistes de tous médias. Dès 1993, la galerie expose à la foire de Bâle sans interruption. En 1994, la galerie déménage à Genève dans le quartier de la SIP, ancienne friche industrielle dont une partie des bâtiments est occupée par le Centre d’art contemporain et le MAMCO.
Elle se signale par un choix rigoureux et par un grand nombre de«premières». À travers sa programmation, la galerie cherche constamment à montrer ou exprimer de nouvelles stratégies artistiques. Ancré dans l’art contemporain suisse et fidèle à ses choix historiques, le programme se développe aujourd’hui sur un plan international.
Pierre-Henri Jaccaud est le directeur et fondateur de la galerie Skopia.
Quels sont les défis d’un galeriste après 35 ans d’existence?
Maintenir la qualité et l’exigence du regard, de la réflexion, du choix. Chercher, douter, chercher encore. Et idéalement trouver!
Quel regard portez-vous sur l’évolution du quartier des Bains?
Avec plus de 20 ans d’existence, on peut dire que Quartier des Bains a eu plusieurs vies! L’idée est née au printemps 2001 d’Edward Mitterrand, de Pierre Huber et de moi-même autour d’un café! Passée la surprise totale du succès du premier vernissage commun, il y a eu, d’abord, une gestion amateure.
En 2004, l’arrivée et la proposition de Marc Blondeau de créer une association a permis de nous structurer. C’était une période d’intense développement: arrivées en nombre de nouvelles galeries, création et gestion du prix de Quartier des Bains, augmentation massive du public aux vernissages, relations suivies avec les autorités politiques, les institutions et les médias, cette période va durer jusqu’en 2010-2012.
Rétrospectivement, cela a été une sorte d’âge d’or, la nouveauté avait généré une énergie fantastique et inattendue, il y avait des problèmes de gestion, mais aussi une dynamique, une envie, dans le public. Puis les choses se sont logiquement un peu calmées. L’euphorie est retombée, certaines galeries sont parties ou ont fermé, notre nombre a diminué. Le Covid est aussi passé par là.
Ces dernières années, le marché s’est plus structuré, plus professionnalisé, avec l’arrivée de nouveaux galeristes qui étaient paradoxalement déjà expérimentés.
Aujourd’hui, il y a trois défis majeurs auxquels nous allons être confrontés dans un avenir proche. D’une part, une période d’incertitude économique, avec un cycle de ralentissement général annoncé. Un autre défi est la fermeture des institutions du BAC, ceci pour une durée annoncée de quatre ans (minimum).
Dernier point, crucial et qui est en relation avec les deux autres: quelle sera l’attitude commune des membres de l’association face à ces challenges? Si, par définition, chaque galeriste est unique et souverain dans ses choix, l’histoire même de l’association et son succès ont montré la nécessité d’une politique et d’une discipline communes. L’union a fait notre force. Aujourd’hui, à mes yeux, l’existence même de l’association dépend de cette volonté commune et de notre créativité face à cette nouvelle situation.
Make it stand out
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Quel est votre plus beau souvenir en tant que galeriste?
C’est juste impossible à dire et à choisir, il y en a eu tellement. Les plus intenses sont presque toujours liés à des visites d’atelier, à des discussions ou des rencontres avec des artistes, des collectionneurs ou d’autres personnes, à des surprises, des découvertes, à la fierté et au plaisir à voir et à montrer certains travaux, certaines expositions.
C’est un ensemble, un tout. Une fois encore, je reprends les mots de Godard: «(…) le plus beau dans le voyage, c’est le voyage!»
Y a-t-il des conseils que vous auriez aimé recevoir à vos débuts?
Je souris, je crois qu’à l’époque, je n’étais pas prêt du tout à recevoir des conseils, si j’en ai reçus, je les ai oubliés en route. J’aime bien le proverbe chinois qui dit: l’expérience est une lanterne qui n’éclaire que le chemin parcouru…